vendredi, novembre 28, 2008

Funky fennec

Certains soutiennent que le fennec est notre mascotte nationale parce que tout le monde est funky.

Tout le monde aime la funk. The Founk. El fènèque...
Tout le monde aime la funk parceque tout le monde transpire. Celui qui marche, celui qui court et même s'il fait chaud allez hop on mets un pull en laine pour pouvoir être funky.
Tout le monde danse la funk parceque tout le monde a vu au moins une fois dans sa vie ce curieux vidéo clip qui passe chaque année au réveillon.

Enfin tout le monde aime la funk parceque tout le monde est contraint de danser, de faire du sur place en suant. Les déos font furreur, on en consomme comme pas possible, 
Une vieille femme noire qui danse au fond d'un zinc. C'est ca le funk. Se laisser aller à rêver pendant qu'on danse...Des fois c'est du n'importe quoi mais qu'est ce que c'est bon..

Good good vibrations , Alpha du centaure n'est ps si loin que ca quand tu regarde bien... Il faut juste lever les yeux , pencher la tête un p'tit peu et cligner des yeux trois fois un soir d'été sous une voute claire sans nuage.
D'ou je te parle ? Je suis dans un endroit qui ne ressemble ni à la Louisiane ni à l'Italie, j'y suis jamais allé connais pas.
Et le troisième mandat tu me l'envoie quand?
Moi je suis pour un troisième mandat . Il me l'envoie quand il veut , je veux ma part de gazs et de petrole.
Avant que celui-çi ne passe sous la barre des dix dollars. 
Je veux ma parts de gazs, de petrole, de terre, de mer de blé de ce bled, j'en ferai un paradis pour les âmes perdues ici, et dieu sait combien il y en a fou yayay si tu savais frêro.
C'est pas pour rien qu'il y a tous les jours des concours de traversée en barque. Les perdants boivent la tassa.
Quand aux gagnants..
Rien de plus important de plus marrant que la vie ici bas. I am assuring you mon gars regarde moi je suis vieux maintenant et je m'ennuie beaucoup.
Qu'est ce qui me reste à part danser? J'ai tout fais moi ca y'est , me reste plus qu'à poser les mouchoirs et me mettre vraiment à bouger, tu vois , l'andalou c'est pas pour moi fiston.
Moi j'aime quand ca swingue et ca suinte!
Quand au reste.. ce qu'on va devenir..not' avenir à venir
Quel est le futur , quel est notre futur ?
Celui qui saura répondre à cette question ou dumoins proposera une vraie réponse concrête et plausible a deux solutions ou bien il prends le premier avion ( ou bateau) vers un autre pays ou bien il construit.
En attendant let's get in on 
And gimme the fonk, and nothing but the fonk!

mardi, novembre 04, 2008

Ferdinand - La traversée

Par la musique que Taybus choisit les filles comprirent que ce n'était pas le moment de jacter.
Il était blême et regardait droit devant lui. Arrivés à l'appartement , il prononça ces phrases sans discontinuité et dans un rythme à trois temps, ca a commencé depuis qu'ils jouaient à la marelle avec Michelle dans la cour d'école , il faisait cela à chaque fois qu'il voulait la narguer

Les filles je sais..pourquoi vous êtes là
je sais pourquoi..vous êtes recherchées
Partout en France..par Ismaël,
il m'a appelé..il y a deux semaines,
il était fou..fou fou de rage,
ce que vous avez fait..moi je m'en tape,
je sais une chose..c'est qu'il finira
un jour ou l'autre
..par vous retrouver

Il arrêta sa chanson en voyant que les filles commençaient sérieusement à paniquer.
- Je vous propose de prendre le bateau avec moi, on doit emmener le vieux en Afrique.Ferdinand vient aussi. On part dans deux jours.
Marie n'écouta que ces mots "Ferdinand vient aussi"
En se tournant vers Michelle qui faisait tournoyer sa mèche comme d'habitude comprit que ce n'était même pas la peine d'en débattre.
- Mais où on va ? on a même pas nos passeports?
- Pas besoin de passeport, prenez juste vos affaires, demain je vous emmène faire des courses.


A travers les vitres de la voiture, Michelle s'émerveillait de lire en espagnol les plaques des villes et des cafés.

-C'est l'Espagne ici ou quoi?
-Non c'est Santa Maria del Mar, Camargue dit Taybus
- Ah..

Une moto. Un jeune homme, torse nu et les cheveux brulés par le soleil s'est approché en faisant signe de le suivre.

Après quelques minutes à se frayer un chemin parmi les badauds de la ville, la voiture et la moto achevèrent leur slalom devant une barrière et un panneau indiquant l'entrée d'un mas.
Des chevaux campaient devant et une montagne de zodiac dégonflés trônait sur la cour.
Le jeune homme les pria d'entrer , un homme, debout, les attendaient.
-Ah Taybus! enfin arrivés, vous devez avoir faim, tu sais quand tu m'a appelé j'ai juste eu le temps de tout préparer. Venez asseyez vous, Soumia vous a préparé un super gueuleton. Ça va vous requinquer!
-Pablito, t'as toujours cette vieille casquette! Soumia est la? dit Taybus
- Oui oui entrez entrez moi j'ai mangé
.

Le vieux maitre s'est excusé quelque minutes, une fois réapparu tout le monde est enfin passé à table. Michelle remarqua la nappe impeccable, la vaisselle et les couverts en bois, l'odeur de la viande et du riz envahissait le salon.

-Les gars vous savez que vous une chance de gagnant de loto? le sardinier n'as pas pu partir à cause des grèves. Tout le monde était mobilisé.
-T'as toujours le même rad ?
- Non je me suis payé le must maintenant , je peux aller avec jusqu'en Norvège
-En Norvège y a pas de sardines Pablo! dit Soumia
-Ha on ne sait jamais , y en as plus déjà beaucoup dans notre coin alors
-Bon c'est cool, on pourra dormir au sec la au moins demanda Ferdinand?
- Tu vas voir, le Phocea à coté c'est un felouque, prenez juste de quoi vous mettre au chaud.

2.

Alors, Clotho, depuis un bout de temps, mon navire est prêt à affronter le large !
Lucien de Samosate



Les mains derrière la tête , en regardant la mer et Ferdinand qui rebandait la tête du vieux maitre, Michelle répétait tout doucement
-Rarara rororo ririri, rarara rororo ririri, rarara rororo ririri
-Qu'est ce que tu fais Michelle? demanda Marie
- Je travaille à rouler les r répondit Michelle Parait qu'on débarque en Algérie
- Comment tu sais ça toi?
- J'ai entendu les pécheurs parler en arabe, mais pas l'arabe d'Ismael, j'ai reconnu le mélange de français et d'arabe de tata Ourida tu te rappelle? et crois moi y avait beaucoup de r roulés alors s'il faut qu'on aille vivre las-bas pour échapper à ce malade d'Ismael moi je veux bien apprendre à rouler les r
- T'es bête va, tu travaille plutôt ta chocote ouais, mais on va pas aller vivre las-bas qu'est ce tu raconte c'est juste temporaire.
-D'accord... rarara roro ririri, rarara roro ririri


Marie tournait en rond pendant une bonne demi-heure et finit par s'approcher de Ferdinand et du vieux maitre
-Il comprends le français?
-non répondit Ferdinand
-alors comment vous vous parlez?
-dans sa langue
-et sa langue c'est ?
-soudanais
-on va au Soudan?
-non, enfin pas pour l'instant, on passe par l'Algérie, à Oran.


"Marquer les pas un deux, ancien combattant de la noutsouké.." fredonnait Taybus. la mer était incroyablement calme et on pouvait apercevoir ces fameux gros poissons accompagner le bateau. Le capitaine montrait à Ferdinand sa nouvelle acquisition; un GPS portable.

-Tu vois avec ça plus besoin de charger , la batterie peut tenir une semaine au moins en plus c'est waterproof.
-ca ressemble plus à un portable dit Ferdinand
-t'inquite, avec ça je t'emmène jusqu'au bout du trou du cul du monde sans me perdre..

La traversée se passait ainsi, le bruit de la mer donnait le la. Durant les deux jours Taybus n'as pas bougé, recroquevillé à l'intérieur de la minuscule cabine aux cotés du maitre, assis-tailleur sur l'unique matelas recouvert du tapis de prière du capitaine. Malgré ses vomissements répétés il gardait le sourire.
"J'ai pas trop le pied marin vous savez" il répétait cela à chaque fois qu'il avait la tête par dessus bord.


Il eut trés peu de contacts avec les pécheurs à bord, le regard des quatre marins et le raïs semblait dire qu'ils étaient là pour travailler.
Le plus vieux d'entre eux, après avoir vu le va-et vient de Taybus est entré avec une bouteille en plastique jaune à la main, il la tendit à Taybus en lui faisant signe de boire.
"Tiens, bois c'est bon pour la mer" puis s'est assis et commença à parler tout en ouvrant une boite de tabac à chiquer.

" Vous savez moi je navigue depuis seulement quatre ans, avant je travaillais dans l'administration égyptienne, puis j'ai trouvé du travail dans un hôtel à Sharm El Sheikh, je suis resté quelques années las-bas. Le salaire était bon mais les touristes... "
Il s'arrêta un moment pour enlever la vieille chique collée à sa gencive.
" les touristes.. je ne voulais plus faire le larbin , je préfère aller pécher la sardine plutôt que de supporter ces fous.."

D'un geste , comme par magie, il fit disparaitre sa boule de chique.

" Mais maintenant depuis qu'on travaille pour Pablo les touristes me rattrapent en pleine mer!"

Marie n'écoutait pas vraiment, comme d'habitude dés qu'un homme lui déplaisait où qu'elle se sentait gênée, sa vision prenait le dessus.
Un amas de vieux journaux espagnols servait à bloquer la porte de la cabine. La seule chose neuve qui subsistait était ce gps dernier cris que le capitaine n'arrêtait pas de tripoter. Le troisième pied de la petite table était calé sur un gros cube recouvert d'un plastique vert. Marie s'est approchée plus prés du cube. C'était en fait trois gros livres collés par le temps et le sel de la mer: Charles André Julien,Histoire de l'Afrique du Nord , Wuthering Heights et un livre pour enfant.
Sur la paroi était collée une vieille photo d'un joueur de foot inconnu et une assiette sur laquelle était dessinés un bateau à voile et un paon.

Le maitre semblait immobile, assis dans un coin, de blanc immaculé faisait tache au milieux de toutes ces vieilleries rococo. Quand à Ferdinand il semblait partir loin dans ses pensées, ou était -il vraiment se demandait Marie.

Ainsi, durant cette traversée; Marie, Anne, Ferdinand, Le vieux maitre et Taybus, engagés dans cette traversée; se laissèrent chacun emporter par un second périple, celui là plus profond, en silence et solitaire.