lundi, février 07, 2011

A propos du 12


Mes amis, ma chère famille, mes proches compatriotes.

Depuis le 14 janvier 2011 je ne dors plus. Ma consommation de tabac a doublé.

Mon corps a subi une transformation et mon appétit s’est amoindri.

J’ai vécu le 14 janvier 2011 comme une grande joie. Une grande victoire d’un peuple qui reprends en main sa destinée. Ce que je voyais sur les écrans je le vivais comme un implosion interne.

Et j'ai senti la tempête, le grand souffle salvateur me caresser le visage et les cris de ces tunisiens arrachant leur liberté me transperçaient le tympan.

Cette énergie, ce vent de révolte je l’ai senti dans ma chair et dans mon corps. Aucun son, aucune image n’aurait plus de valeur à mes yeux désormais.


Ces tunisiens brimés durant tant d’années ont fini par se lever et reprendre le cours de l’ histoire et ainsi montrer la voie non seulement à tous les peuples du monde arabe mais aussi à toutes les contrées vivant les mêmes malheurs la plupart se trouvant dans l’hémisphère sud.


Aujourd’hui encore ce n’est pas fini pour les tunisiens, bien au contraire. Encore moins pour ces pauvres égyptiens de la place Etahrir. Je leur souhaite d’arriver au moins à ce qu’ont fait les tunisiens.


Mes amis, ma chère famille, mes proches compatriotes. A ceux qui ont le lyrisme facile.

Je dois vous le dire une fois pour toute:

La démocratie et la justice sociale ne sont pas pour demain.

Elle n'éclot pas comme une fleur un beau matin à la tombée de la brume.


C’est un travail de longue haleine. Un travail quotidien qui dure des années voire des décennies.

Les valeurs que je défends et auxquelles je crois ne sont pas encrées dans nos racines.

Nous somme un peuple qui vit encore sous l’époque féodale et qui croit encore dur comme fer à la loi de la jungle et du plus fort.

J’ose espérer que nous valons mieux que cela. Que nous pouvons dépasser cela et nous y arriverons.

C’est certain, à coups de révoltes, de combats. Un peu comme pour les études, il y a le contrôle continu et l’examen final. Notre examen final est encore à venir.


Ce combat prends plusieurs formes et touche tous les niveaux. C’est un combat qui touche la société mais qui touche l’individu d’abord.

Ça commence donc par des individualités, au sein des familles et des amis. Somme nous démocrates entre nous ?


Aujourd’hui encore, plutôt que de défendre des idées et des principes on défend des hommes, des clans et des tribus.

Plutôt que de proposer des solutions innovantes on fait dans le recyclage. On prends par ci par là. On veut faire du copier -coller bête et méchant.

L’idée de s’opposer est saine et louable. Encore faut-il apporter des idées et des solutions concrètes. A part quelques rares voix pour l’instant il n' y a rien ou presque.


Ce rien, ce vide voulu par le régime a coups de brimades, d interdictions et d intimidation. Il faut le remplir aujourd’hui. Il faut réoccuper ce vide et faire un coup d’épaule à cette pseudo opposition qui ne sert que le régime lui même.




Personnellement tout ce qui touche de près ou de loin à ce régime n’est pas crédible à mes yeux. La véritable opposition est à venir. Elle est entrain de naître avec ces jeunes qui regardent ce qui se passe dans le monde arabe et ailleurs et qui sont en train de se regrouper.


En attendant j’irai marcher le 12 février 2011 à la place 1er novembre à Oran par principe.

Je sais que le ciel ne se fendra pas en deux et que l’éclair de la démocratie et la foudre de l’émancipation ne frappera nos têtes ce jour là. Mais j’irai marcher quand même. J'apporterai mon soutien et je me mettrai à coté de tous ceux qui veulent du changement.

Parce que je suis contre ce régime.

Parce que je m'oppose viscéralement à ce qui se passe aujourd’hui dans ce pays.

Le régime en est entièrement responsable par sa défaillance, souvent par son absence et ses agissements irresponsables.

Seuls les aveugles, les sourds et les déficients mentaux pourraient ignorer cette léthargie régnante qui nous mange de l’intérieur.

Au delà des revendications légitimes qui motivent cette marche, Je refuse de me laisser gouverner par des gens incompétents, inefficaces et idiots.

Ils ont failli à leur mission. Ils doivent céder la place.

C'est aussi simple que ça.

Il nous est demandé de mettre sur une banderole une revendication.

Honnêtement je n'ai pas su choisir laquelle de celles qui suivent passe en priorité :

Je voudrai voir une justice indépendante et juste. Un système de santé efficace, une éducation digne de ce nom, une administration saine au service du citoyen, un de liberté totale. Une libre circulation des individus, des idées, des biens et des services, une réelle liberté de culte. Une réelle représentation du peuple.

Au lieu d’une banderole le mieux serait d’investir dans un panneau lumineux avec le texte défilant.


Comme dirait mon copain Djilou en frappant deux fois son poing sa poitrine:


Wa mahma yakoun, Tahya El Jazair lil abad

Quoi qu'il en soit, Vive l'Algérie jusqu'à la fin des temps.